Dans un contexte où des centaines de milliers de jeunes n’ont pas accès à l’éducation à la sexualité et se retrouvent laissés à eux et elles-mêmes pour s’informer, l’annonce gouvernementale du retour de l’éducation à la sexualité dans toutes les écoles du Québec est incontestablement une bonne nouvelle.
La mise en œuvre des « apprentissages en éducation à la sexualité » est une opportunité d’outiller les jeunes dans leur développement aussi bien pour prévenir des situations d’agressions, des comportements à risque que pour les accompagner dans le renforcement de leur estime de soi et de leur émancipation.
C’est l’occasion de déployer une éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice qui tienne compte de la diversité des réalités et identités ainsi que des inégalités qui persistent entre les sexes.
Cependant, si sur le papier tout est beau, les conditions de mise en œuvre sont alarmantes : pas de moyen adéquat, pas de formation, pas de collaboration.
Sans moyen ni formation adéquats
Alors que la rentrée bat son plein, le gouvernement n’a toujours fait aucune annonce des montants alloués pour la mise en œuvre des « apprentissages en éducation à la sexualité ».
Si des formations ont été données aux commissions scolaires, toujours rien à l’horizon pour les pédagogues et intervenant·e·s de première ligne. Et si le Ministre encourage les écoles à faire appel à des ressources externes spécialisées aucun budget ne leur est alloué. Dans ce contexte incertain, des enseignant·e·s dévoilent leurs réticences et leurs craintes, notamment de se retrouver confronter à des questions, situations où ils / elles n’auront tout simplement pas les outils pour répondre et accompagner adéquatement les élèves.
Sans consultation ni collaboration
Depuis le début des projets pilotes en 2015, le gouvernement a fait le choix de faire cavalier seul en ne consultant ni les jeunes et élèves, ni les organismes communautaires possédant une expertise en matière d’éducation à la sexualité (milieu féministe, milieu LGBT+, personnes en situation de handicap…), ni les associations professionnel·les concerné·e·s (sexologues, infirmières, psycho-éducateurs·rices…). Le 8 mars dernier, dans leur lettre au premier ministre, ce sont les syndicats d’enseignant.es eux-mêmes qui manifestaient leur inquiétude et dénonçaient la « mascarade ». D’ailleurs dès 2015 des syndicats dénonçaient déjà les méthodes de mise en oeuvre du projet pilote et le manque de soutien aux enseignant·es.
L’éducation à la sexualité, ça va pas s’faire par magie!
Depuis 2001 – année où l’éducation à la sexualité a disparu des cursus des écoles – les organismes communautaires n’ont pas relâché leurs efforts. Au contraire, de nombreux ateliers d’éducation à la sexualité – souvent à la sollicitation des écoles – ont été développés et menés auprès des jeunes par des milliers de bénévoles et travailleuses.eurs du communautaire. Ce travail de l’ombre, faute de financements publics, reste limité dans sa capacité à répondre aux besoins de tous·tes les élèves.
L’éducation à la sexualité dans toutes les écoles du Québec ne va pas se faire par magie non plus, c’est pourquoi nous (jeunes, élèves, militant·e·s, bénévoles, enseignant·e·s, professionnel·le·s, citoyen·ne·s de tous horizons) exigeons:
1/ Des moyens financiers dédiés à la mise en œuvre des « apprentissages en éducation à la sexualité » par :
- des budgets spécifiques suffisants et réalistes alloués aux écoles ;
- des financements pour les organismes communautaires agissant sur le terrain ;
- et de la formation initiale et continue pour tous·tes les enseignant·e·s et intervenant·e·s par des professionnel·le·s de l’éducation à la sexualité et des expert·e·s du milieu communautaire
2/ De la collaboration avec tous.tes les acteurs·ices de l’éducation à la sexualité pour la mise en oeuvre, le développement, l’évaluation et le processus d’amélioration continue du cursus des « apprentissages en éducation à la sexualité » grâce à un comité représentatif de tous.tes les acteurs·rices (jeunes, élèves, organismes communautaires, enseignant·es, sexologues, professionnel·les…)
Les signataires :
Pour être signataire en tant que groupe, veuillez envoyer un courriel à cpetrieux@fqpn.qc.ca
- Les membres du Groupe des 13 :
- Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale
- Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)
- Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF)
- Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)
- Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
- Fédération des femmes du Québec (FFQ)
- Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF)
- Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
- Femmes autochtones au Québec (FAQ)
- L’R des centres de femmes du Québec
- Réseau d’action des femmes handicapées (DAWN-RAFH) Canada
- Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ)
- Regroupement Naissance-Renaissance (RNR)
- Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC)
- Regroupement québécois des CALACS (centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel)
- Relais-femmes
- Réseau d’action Québécois pour la santé des femmes (RQASF)
- Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ) – Femmes de la diversité sexuelle
- Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec
- Les autres signataires :
- Aide aux trans du Québec
- AIDS Community Care Montreal / Sida bénévoles (ACCM)
- Aînés et retraités de la communauté (ARC)
- Alterhéros
- L’Anonyme
- Alliance des professeures et professeurs de Montréal
- Association des femmes handicapées de Montréal (AFHM)
- Association des Sexologues du Québec (ASQ)
- Les ateliers SexURL
- BLITS
- Bureau régional d’action sida (BRAS)
- Cactus Montréal
- Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal
- Centre de santé des femmes de la Mauricie
- Centre de solidarité lesbienne (CSL)
- Centre des femmes l’Héritage
- Centre ressources pour femmes de Beauport
- Coalition des familles LGBT
- Coalition Montréalaise des groupes jeunesse LGBT
- Coalition d’aide à la diversité sexuelle de l’Abitibi-Témiscamingue
- Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA)
- Collectif Libre Choix
- ConcertAction femmes Estrie
- Conseil québécois LGBT
- Divergenres
- Enfants transgenres Canada
- ESPACE Abitibi-Est
- ESPACE Châteauguay
- ESPACE Côte-Nord
- ESPACE Gaspésie-Les îles
- ESPACE Mauricie
- ESPACE Québec
- ESPACE Outaouais
- Euguélionne, la librairie féministe
- Fondation Émergence
- GRIS Estrie
- GRIS Québec
- GRIS Mauricie Centre du Québec
- GRIS Montréal
- Grossesse Secours
- Head & hands / À deux main
- Id-Est
- Iris Estrie
- La Communauté Assexuelle de Montréal
- La Confédération des syndicats nationaux (CSN)
- Louise Chabot, présidente pour la CSQ, Centrale des syndicats du Québec
- Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
- Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
- Sylvie Théberge, vice-présidente à la FSE, Fédération des syndicats de l’enseignement
- Le Réseau des femmes des Laurentides
- Les accompagnantes
- La Mandragore, bibliothèque féministe queer
- Mouvement allaitement du Québec (MAQ)
- Nourri-source Montréal
- On SEXplique ça
- Passion & Handicap. Passion & Disability
- Portail vih / sida du Québec (PVSQ)
- Québec contre les violences sexuelles
- RAP Jeunesse
- Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
- Regroupement des maisons de jeunes du Québec (RMJQ)
- Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ)
- Regroupement des organismes ESPACE du Québec
- Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)
- Réseau des groupes de femmes Chaudières-Appalaches
- Sexplique
- SOS Grossesse
- SOS Grossesse Estrie
- Table de concertation des groupes de femmes de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
- Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière (TCGFL)
- Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM)
- Table des groupes de femmes de Montréal
- Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
- The woman power
- YWCA – Le Y des femmes
Une réflexion sur « Nous refusons que le retour de l’éducation à la sexualité soit un rendez-vous manqué! »
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